Majalah PowerPlay

Voici un nouvel épisode de notre périple autour de la Ligue Magnus. Le titre choisi pour cette rubrique est volontairement provocateur mais il faudra patienter un petit peu pour en découvrir la raison (quel suspens insoutenable !!!). Tout d’abord, un petit retour sur l’évolution du classement à une journée de la fin de la saison régulière :

Source : http://www.hockeyfrance.com/ffhg-championnats/ligue-magnus/calendrier-resultats-136.html

En fin de classement, les positions sont figées puisque le club de Neuilly sur Marne affrontera Mont Blanc pour un match de barrage décisif pour le maintien. Alors que l’on pouvait penser que l’entente était sur la voie de la rédemption, la trêve internationale a coupé l’élan des joueurs de Christian Lepers. Quant à Neuilly, le long chemin de croix continue malgré quelques matchs plus serrés comme face à Strasbourg ou Grenoble. Les hommes du coach Pourtanel semblent sur une pente ascendante mais seules les victoires permettent la confiance et les deux matchs restants ne sont pas propices - sur le papier - à l’améliorer (Briançon et Dijon). Dans les faits, cela s’est traduit par une claque face à Briançon mais une victoire surprise contre Dijon (6-5 en OT) grâce à un triplé de Seth Léonard. Les Bisons ne pouvaient pas rêver meilleure préparation aux play-down. L’issue de ce barrage semble incertaine, mais s’il fallait donner un léger favori, Mont Blanc apparaît plus régulier et plus homogène.

On remarque aussi que Villard a trouvé le déclic, en réalisant une fin de saison en boulet de canon avec des scores dignes des cadors de la ligue (10-2 contre Neuilly ou 6-2 à Poissompré chez les spinaliens) tout en accrochant très fortement les Diables Rouges de Briançon dans leur antre de René Froger (4-5). L’équipe a pris confiance et fait parler son potentiel. Les Ours sont à surveiller du coin de l’œil, il ne serait pas impossible de les retrouver en quart de finale des PO où ils embêteraient certainement un des cadors du championnat (constat confirmé avec la claque infligée à Amiens 7-0…).

Les Dauphins d’Epinal quant à eux, sont très handicapés par les blessures mais à part la claque reçue contre Rouen (9-3), ils se sont accrochés avec une victoire contre Gap et de courtes défaites contres Angers ou Grenoble. Cependant, le barrage pour les PO sera très compliqué car les Dauphins affronteront le 5^ème à savoir soit Grenoble, Angers ou Amiens, autant dire que ce sera mission presque impossible (nb : ce sera Grenoble). Malgré tout, cette équipe conserve de la qualité et cette saison cauchemardesque sera peut être conclue sur une bonne note.

Enfin, Gap a baissé un peu le pied ces dernières semaines en gagnant de justesse face à Neuilly, voir en perdant à Epinal. L’annonce du départ à la fin de saison du coach André Svitac a t’elle influencé le rendement de l’équipe ? On peut penser que non. Gageons cependant que ses joueurs lui offriront une sortie à la hauteur de l’apport de cet entraîneur (ce qui vient d’être fait avec une historique victoire 4-3 contre Les Brûleurs de Loup de Grenoble).

Place désormais aux équipes qui "rêvent tout bas". Ces équipes vont terminer de la 6^ème à la 9^ème place de la saison régulière. Elles peuvent espérer une qualification pour les quarts de finale, mais il paraît très difficile d’aspirer à aller plus loin. Le rêve est donc tout bas puisqu’il faudrait une série d’exploits pour accrocher la Magnus au tableau de chasse. Cependant, cela ne les empêchera pas de vendre très chèrement leur peau. Comme vous allez le constater, ces équipes sont sur des dynamiques très différentes avec pour une d’entre elle, une gestion assez particulière (du moins, pour un observateur extérieur).

Chamonix : 

L’Effectif : L’intersaison chamoniarde a été marquée par la fusion avortée avec l’Entente Saint Gervais (Mont Blanc). En prévision de celle-ci, l’effectif avait déjà été délesté de la plupart des étrangers. L’international néerlandais Chad Euverman ou encore les attaquants Kovac et Cesky ont quitté le club, tout comme les français Erwan Pain et Marc Slupski respectivement en direction des Ducs de Dijon et des Rapaces de Gap. Enfin, le coach Allan Jacob a rejoint le club de Cergy Pontoise en division 1 où il a retrouvé des joueurs comme Nelson Vargas Dias ou Sébastien Gauthier. Cependant, les Chamois ont conservé une ossature importante de la saison précédente avec la reconduction des excellents Richard Aimonetto, Aram Kerkovian ou encore Emil Tobiasson-Harris ainsi que des espoirs Kara, Veydarier, Geoffroy ou encore Alexandre Audibert .

Après l’échec de la fusion, la direction a fait appel à l’entraîneur morzinois Stéphane Gros pour prendre la tête de l’équipe, arrivant avec un recrutement intéressant. A la fois des valeurs reconnues de Ligue Magnus (Laurent Gras, Radovan Hurajt[gardien]) mais aussi des étrangers avec un bon CV comme Marek Priechodsky qui a joué dans de nombreux clubs (notamment en Extraliga Slovaque).

Malgré les circonstances, l’objectif était de faire mieux que la saison passée avec une 11^ème place à la fin de la saison régulière et une élimination en 3 manches en "8^ème de finale" par les Dauphins d’Epinal.

Les Résultats : Chamonix a connu un début de saison difficile avec quatre défaites consécutives, même s’il faut reconnaître que le calendrier proposé n’était pas de tout repos notamment avec des déplacements à Rouen et Angers. Depuis, Chamonix a réalisé un parcours convenable avec un coup d’éclat (victoire sur Grenoble 3-1 dans leur antre de Bozon), quelques courtes défaites à Briançon ou face à Rouen mais surtout des victoires contre les équipes moins bien classées comme Neuilly, Villard ou encore Mont Blanc. Ils occupent actuellement la 9^ème place du classement avec 10 victoires et 15 défaites. Le club ne changera pas de place d’ici la dernière journée et se prépare à affronter Dijon au cours des barrages des PO. Chamonix est une équipe moyenne du championnat qui trouve en la 9^ème place, un rang conforme à son niveau. Il est à noter que Les Chamois sont la deuxième équipe la plus fair play de la ligue avec un total de 350 minutes de pénalité. En terme de statistiques individuelles, le leadership est détenu par l’international français Laurent Gras avec 12 buts et 17 assistances en 29 matchs de championnat.

Les Perspectives : Franchir le barrage des PO est possible à condition de hausser leur niveau de jeu, chose réalisée la plupart du temps dans les confrontations contre les grosses équipes. Cependant, la qualification en quart de finale apparaît comme la limite en terme d’objectif tant l’adversité attendue surclasse Chamonix. Toutefois, il est tout à fait possible que l’équipe puisse faire trembler un gros calibre dans leur patinoire Richard Bozon mais sur l’ensemble d’une série, il faudrait un véritable exploit.

Pronostic : Au mieux les quarts de finale.

Strasbourg : 

L’Effectif : La saison 2008/2009 restera dans les annales du côté de l’Alsace. En effet, l’Étoile Noire a réalisé la meilleure campagne de son histoire avec à la clef une septième place de saison régulière et un quart de finale perdu avec les honneurs face aux futurs champions de France Grenoble. L’objectif du coach Daniel Bourdages était de rééditer cet exploit. L’intersaison a cependant été marquée par quelques mouvements notables.

En effet, l’Étoile Noire a perdu sa première ligne canadienne qui avait fait tant de malheur à leurs adversaires. Benoît Martin (17 buts, 21 assists en Saison Régulière) est retourné au pays alors que Yanick Riendeau (23 buts, 20 assists) et David Brissette Cayer (17 buts, 24 assists) ont rejoint les Gothiques d’Amiens. Une statistique illustre parfaitement l’importance de leur départ. Ils ont marqué près de 65,6% des buts de Strasbourg durant la saison régulière, le 4^ème meilleur buteur étant Steve Pelletier avec …. 4 buts (parti aussi à l’intersaison en Italie).

Pour remplacer cette ligne ultra dominante, la direction sportive a opté sur la jeunesse dans le but d’obtenir un groupe plus homogène ne dépendant plus du rendement d’un seul bloc. Ainsi, le jeune mais déjà expérimenté dragon Edouard Dufournet est arrivé (ou encore Cyril Trabichet de Morzine), accompagné d’étrangers prometteurs comme Maxime Mallette (homonyme de Carl Mallette de Rouen), Miroslav Stolc, Bob Raymond ou encore Brennan Sarazin. Toutefois, le meilleur recrutement est la stabilité de l’effectif qui a su garder ses cadres. Le fantasque gardien (et excellent) Vladimir Hiadlovski a prolongé pour 2 ans, tandis que Elie Marcos, Pierre Antoine Devin ou encore Juho Lehtisalo sont repartis aussi pour un bail. L’Étoile compte dans son effectif un joueur particulièrement prometteur en la personne de Aziz Baazi dont on reparlera très certainement dans quelques saisons !

Sur le papier, Strasbourg apparaît donc plus solide défensivement, plus homogène mais clairement moins impressionnant offensivement. Une équipe jeune encadrée par quelques tauliers, qui pour de nombreux observateurs habitués à la Ligue, possède une marge de progression assez importante.

Les Résultats : Le début de saison strasbourgeois a été difficile, l’Étoile comptant après 5 journées une seule victoire contre Epinal. Néanmoins, la calendrier ne les a pas épargné avec la réception de Grenoble (1-4) et deux déplacements à Angers (2-7) et à Rouen (2-11, déroute due en partie à un Eric Doucet des grands jours avec 4 buts et 2 assists). A partir de mi-décembre, les progrès de l’équipe se sont matérialisés avec des victoires contre des ténors (Amiens et Briançon), mais aussi entre autre contre Villard, Neuilly ou encore Gap. Les strasbourgeois ont aussi poussé l’armada angevine en prolongation.

Les alsaciens se reposent sur une défense de fer (88 buts encaissés, soit la 5^ème meilleure défense de la ligue), mais une attaque malheureusement très peu efficace (75 buts inscrits, soit la 3^ème plus mauvaise attaque de la ligue). Du point de vue des unités spéciales, ce constat est largement corroboré : 2^ème plus mauvais powerplay avec 15,1% de réussite seulement, mais 4^ème infériorité la plus efficace de la ligue avec un pourcentage de pénalités tuées de 83,8.

Au niveau individuel, les pointeurs sont beaucoup plus homogènes que lors de la saison précédente (meilleurs pointeurs Dufournet et Sarazin avec 7 buts et 11 assistances).

Strasbourg est une équipe qui manie très bien le palet, avec un jeu construit et fougueux basé sur une défense solide et un mur, Hiadlovski. Cependant, la perte des canadiens a été préjudiciable sur le plan offensif, puisque l’Étoile Noire souffre d’un manque de réalisme criant.

Toutefois, cette inefficacité n’a pas empêché l’Étoile de réaliser un nouveau parcours historique avec une septième place (encore) mais avec un point de plus que l’année dernière (27 points).

Les Perspectives : Strasbourg affrontera Villard de Lans en PO. Cette confrontation est explosive car les Ours est l’Équipe en Forme de cette fin de saison. Seuls les Top Team semblent enclin à stopper les hommes du Vercors. Cependant, Strasbourg a toutes ses chances pour passer cet obstacle tant cette équipe est pétrie de qualité. Si l’équipe confirme sa solidité défensive et son mieux offensif constaté en fin de saison, il est fort possible de retrouver l’Étoile Noire au même stade de compétition que l’année passée, à donner du fil à retordre à Briançon ou Angers (cela reste une pure hypothèse tant que les 8^ème ne se sont pas déroulés).

Cette équipe progresse indéniablement sous la coupe de Bourdages, dans une ambiance saine et familiale. Strasbourg est devenu une valeur sûre de notre championnat, avec une bonne gestion sans scandale ou malversations financières.

De plus, c’est une équipe qui est très agréable à voir jouer et on est rarement déçu.

Pronostic : Quarts de finale.

Dijon : 

L’Effectif : Après une saison 2008/2009 très décevante avec une 12^ème place obtenue de justesse et une élimination face à Amiens en 8^ème de finale, les ducs ont réalisé une véritable saignée au sein de leur effectif. La majeure partie des français a été conservée (Gillet, Mazerolle [canadien], Stephen Dugas, Decock) et un seul élément étranger de renom est resté, Miroslav Kristin (ancien international junior Slovaque). Tous les autres étrangers, soit 50% de l’équipe (comme Sabol, Bochna)  et les deux gardiens (Hurajt Radovan et Rouiller Julien) ont été priés de se trouver un autre club. Le coach Daniel Maric est demeuré en place, malgré le fait qu’il soit très controversé. En aucun cas, sa carrière internationale est remise en cause mais la gestion assez lapidaire de son effectif crée parfois un certain malaise auprès des observateurs et même auprès des équipes adverses (comme on le verra après).

Pour faire face à cette vague de départ, Dijon a recruté selon deux optiques :

- Un recrutement français avec le recrutement de grands espoirs du hockey français :

Dans les cages, arrivées d’Andy Foliot (ex back-up Briançon) et de Florian Hardy (Morzine).

Les Ducs ont profité de l’échec de la "team France" de Morzine pour faire leur marché en recrutant le confirmé Mathieu Mille ainsi qu’Arnaud Hascoet (bien connu du côté des caennais). Enfin, le chamoniard Erwan Pain, autre jeune espoir est arrivé pour renforcer l’attaque. Il faut rentre hommage à la politique du club de donner du temps de jeu à des jeunes pousses françaises, qui permet de développer le niveau du hockey français, chose que tout le monde ne fait pas…

- Un recrutement étranger (Strapaty, Lezo[ex-Extraliga], Nurminen entre autre) pour solidifier tant en efficacité qu’en poids la défense mais aussi l’attaque en ce qui concerne Lezo.

L’objectif affiché par les dijonnais étant de terminer dans les 8 premiers.

Les Résultats : Dijon termine 8^ème dans les faits (7^ème à égalité avec Strasbourg). Tout au long de la saison, l’équipe a été globalement assez irrégulière, capable des plus grands exploits comme de déroutes assez incompréhensibles. Au rayon des exploits, victoire à Rouen, face à Angers(à domicile) ou défaite de justesse à Briançon et en déroute, une véritable hécatombe à Amiens (13-1 !), à Angers(4-12), défaite face à Mont Blanc(!!) et Neuilly sur Marne (!!!).

Cette équipe est assez difficile à cerner et il est franchement difficile de dire si elle joue bien ou non étant donné que chaque match est différent sur le ressenti.

Du point de vue statistique, l’ensemble est assez équilibré ce qui est une bonne chose. On peut néanmoins noter que trois buteurs se détachent avec Anton Lezo (18 buts), Luc Mazerolle (12 buts) et Erwan Pain (11 buts). Les Ducs restent, malgré les sautes de performance, une bonne équipe de Ligue Magnus.

Cependant, je ne vais pas cacher mon malaise et j’en prends la responsabilité (et je suis loin d’être le seul à partager ce point de vue). D’une part, la gestion des gardiens est parfois incompréhensible. Je veux bien qu’il y ait concurrence mais à changer trop souvent en plein match, on risque de déstabiliser plus que de concurrencer les gardiens. Après, si les deux gardiens aiment le fonctionnement, c’est très bien mais je sais que plusieurs de leurs collègues n’accepteraient pas cela, car il faut un minimum de sérénité quand on est dans les cages .

D’autre part, et là c’est le plus important, dans un match, quelque soit le sport pratiqué, on doit du respect aux joueurs, aux dirigeants, au public, aux instances. Il n’est pas normal de "truquer" le résultat d’un match sous prétexte d’un entraînement en situation de cage vide.

Cette situation s’est déroulée lors d’Angers-Dijon, Angers gagne alors 9-3 à la 55^ème minute. Monsieur Maric décide alors de sortir son gardien !!!! (vu le score), s’en suit alors 3 buts en cage vide des angevins. Les angevins n’ont pas apprécié comme la plupart des observateurs. On peut sortir son gardien pour revenir au score, mais pour s’entraîner et prendre le risque de fausser le championnat dans tous les sens du terme… 3 buts pour le goal average général ça peut faire une belle différence (en cas d’égalité en terme de goal average particulier), pareil au niveau du classement des pointeurs. Enfin, au delà même du point de vue championnat, je vous laisse juger du point de vue éthique de la chose. Le hockey est déjà en mal de reconnaissance, ce n’est pas avec ce genre d’exemple que le hockey sort grandi.

Les Perspectives : Dijon rencontrera Chamonix en PO. Honnêtement, Dijon a largement les moyens de passer ce tour. Cependant, le vainqueur affrontera le premier de la saison régulière à savoir Rouen. Dijon est capable de déranger les dragons mais, il apparaît difficile aux Ducs de réitérer le même exploit qu’en saison régulière puisque les seino-marins ne sont plus les mêmes depuis. L’époque du rodage est terminé et l’équipe est en pleine forme.

Cependant, l’incertitude du sport existe toujours mais, à l’heure actuelle, le pronostic paraît jouer en faveur d’un quart de finale mais pas plus.