Patrick Mouniet: Le minot viendra gros
Patrick Mouniet: Le minot viendra gros
C'est dans notre cabine de presse de la BezArena1, peu après le match nul arraché par la Roja face aux bleus à la dernière minute de jeu samedi soir, que nous retrouvons celui qui aura attisé beaucoup de curiosité pendant ce week-end de rassemblement de l'équipe nationale : Patrick Mouniet.
L’espoir de tout un peuple du côté du FC JoeBimbo, où l’on se languit de goûter un jour à l’élite, a bien voulu nous accorder quelques instants pour évoquer avec nous son parcours, son actualité et ses ambitions.
Note au lecteur: Pour une meilleure expérience, il fortement recommandé d’utiliser votre meilleur accent provençal à la lecture des réponses de notre invité.
E-M: Bonsoir Patrick, merci de prendre ces quelques instants avec nous.
P.M.: Bonsoir, merci à vous. Mais je vais pas vous mentir, j’ai pas toute la soirée, je voudrais pas manquer le car.
E-M: On fera au mieux, promis. L’attaché de presse m’a dit qu’on avait une dizaine de minutes devant nous.
P.M.: Ouais mais je veux pas être en retard alors zou, boulègue.
E-M: Ok. On sent déjà un sacré caractère, on y reviendra... A ton accent on devine aisément que tu viens du Sud Est de la France...
P.M.: Bè, bien sûr.
E-M: Raconte-nous un peu ton parcours. Tu viens d’une famille nombreuse je crois?
P.M.: D’une famille de la région provençale oui, d’Avignon exactement. J’ai quatre frères et soeurs plus âgés que moi. Une famille toute entière passionnée par le foot. Tout le monde jouait. J’étais encore niston la première fois que j’ai dit à ma mère “M’an, emmène moi au ballon!”. C’est elle qui m’y emmenait le plus souvent. Même si elle aimait ça elle avait un peu peur pour moi, la pauvre, de la violence qu’on voit parfois dans les stades, tout ça... Même encore aujourd’hui elle est pas complètement rassurée :).
E-M: C’est elle qui t’as inscrit dans ton premier club?
P.M.: Non, c’est mon grand frère qui a suggéré une fois à son entraineur de me faire jouer avé ceux de son âge parce qu’ils leur manquait un latéral. Lui il avait 8 ans et moi 6. J’ai joué... et le papet m’a gardé.
E-M: Le papet?
P.M.: L’entraîneur, on l’appelait comme ça parce qu’il a l’âge de mon grand-père et brave comme lui. C’est le premier à m’avoir clairement placé sur le côté parce que je radagais les grands à la course. Il a su me mettre en avant de suite, mais il me protégeais aussi. Il m’a appris l’humilité. Il me disait: “Oh pitchoun, tu les radagues peut-être, t’ies plus malin d’accord, mais fais pas le James, t’ias pas le ballon d’or!”. Ca m’a donné toute la motivation et l’envie de bosser dont j’avais besoin pour le reste de ma vie. Il m’a suivi jusqu’à mes 15 ans et mon arrivée au centre de formation du FC JoeBimbo... Je lui dois beaucoup. Il était là à l’entraînement aujourd’hui et aussi ce soir d’ailleurs, il a pas pu résister même s’il savait que je jouerais pas, je l’embrasse.
E-M: C’est lui qui t’as trouvé ce surnom “le kid”?
P.M.: Non ça c’est venu pas longtemps après mon arrivée au centre de formation. C’est Don et Pablo qui ont eu cette idée. Ils étaient déjà parmi les cadres à l’époque, ils trouvaient que j’avais une fatche de minot bien brave mais que je jouais comme un cowboy, à cause de mon caractère... parce que sur le terrain je crains degun comme on dit plus au sud. Ca les a fait penser à Billy the Kid... d’où le surnom.
E-M: Aucun rapport avec le film de Chaplin donc?
P.M.: Hè non! Au FC JoeBimbo on est pas des Charlots! :)
E-M: Du caractère... on dit que c’est aussi grâce à ce tempéramment de feu que tu progresses aussi vite, au point de t’imposer de plus en plus dans un des plus beaux effectifs du pays.
P.M.: C’est sûr qu’il en faut pour passer toutes les étapes. J’ai commencé avé la réserve, d’abord remplaçant puis titulaire, en travaillant toujours à fond et là ça me permet de rentrer régulièrement dans l’équipe A. Si tu veux réussir dans le ballon, faut rien lâcher, jamais, ni à l’entraînement, ni en match. Surtout quand t’ies plus jeune que les autres, sinon tu manges.
E-M: Fier, rapide, déterminé... tu es sûr de ne pas avoir du sang basque?
P.M.: C’est gentil ça, je vois à qui vous faites allusion... mais non. 100% Avignonnais. Par contre si je peux vivre la même carrière je signe demain matin. :)
E-M: Elle te semble promise en tout cas. D’abord en club, bien sûr. Vous vivez un début de saison de rêve non?
P.M.: Ce serait un peu marseillais d’aller jusque là. Non, on est très bien, on peut pas se cacher quand on est devant. Une petite défaite au deuxième match contre les Rorquals...
A cet instant surgit dans la cabine de presse Gwendal Piras fraîchement sorti de la douche, jovial et vociférant: “Les Rorquals! CA-PI-TALE! Les Rorquals c’est Panam!”, il fait un tour autour d’un kid hilare en lui vidant sa bouteille d’eau sur la tête, “Regarde s’il est beau le minot bimbo!” puis repart comme il venu... L’interview reprend tant bien que mal mais avec le sourire.
E-M: Voilà... Une petite surprise de la part de Gwendal Piras, capitaine des Panam’ Rorquals et défenseur central de l’équipe de France, qui a disputé les 90 minutes ce soir face à l’Espagne... et qui donc vient chambrer le kid sur la défaite du FC JoeBimbo contre son club... c’est sympa... voilà... tiens une serviette Patrick... voilà... Ca ressemble à un bizutage ça, non?
P.M.: Non ça c’est rien, c’est rigolo, ça chambre... Mais il dansait moins le mia tout à l’heure en deuxième mi-temps! Non, je rigole en plus il a fait un bon match, il aurait même pu marquer s’il savait faire une course d’appel et connaissait les règles du hors-jeu... :)
E-M: Ok, on voit que tu te laisses pas faire! C’est bien... j’imagine que t’as vécu le même genre de choses en club?
P.M.: Un peu oui, mais c’est jamais méchant. C’est même indispensable dans une vie de groupe de faire les fadas de temps en temps. Don et Pablo par exemple, ils m’ont bien chambré aussi et ils continuent. Ca m’empêche pas de les prendre en exemple, de suivre leurs conseils...
E-M: Pour mieux prendre leur place?
P.M.: Et voilà! T’ias tout capté! :)
E-M: D’ailleurs, comme tu le disais, on te voit de plus en plus entrer en jeu sur le côté droit. Je rappelle au passage à nos lecteurs que tu peux aussi jouer à gauche. A 17 ans seulement, c’est pas donné à tout le monde. Tu réalises le côté précoce de tes performances?
Du couloir on entend “C’est ce que lui demande sa p’tite copine tous les soirs!”
E-M: Ah... c’est Gwendal Piras qui repasse...
P.M.: Héhé... qué fangoule celui-là... je vais essayer de rester concentré... Donc... oui on me dit beaucoup que je suis jeune pour le haut niveau, mais les coachs savent ce qu’ils font aussi. Donc je prends le temps de jeu qu’on me donne et je me bats pour en avoir toujours plus. Je suis pas là pour m’ensuquer, tu sais. Je veux juste être le premier joueur que le coach met sur la feuille de match à chaque journée de championnat. Je travaille pour ça.
E-M: Tu places la barre très haut...
P.M.: Pour l’instant rien ne me dit qu’elle est trop haute donc je continue. C’est la seule façon de repousser mes limites et aussi la meilleure manière de servir mon club. Et là avé ce début de saison, y a quand même la montée dans l’élite au bout... Pour un club comme ça qui compte énormément sur son centre de formation ce serait énorme. Et pour moi... je travaille fort pour réaliser mon rêve et que ma famille et ceux qui m’ont aidé soient fiers de moi. Si je rêvais pas de tout ça à 17 ans tu dirais quoi?
E-M: … C’est vrai. Autre rêve, un qui se réalise déjà... tu pensais déjà à l’équipe de France? Honnêtement?
P.M.: Le coach m’en a parlé un peu en début de saison oui, mais comme un objectif à moyen terme. Il a peut-être senti le coup venir, il l’espérait un peu aussi sans doute... C’est sûr qu’on sait qu’il y a une grosse concurrence sur le côté droit dans cette équipe de France, mais ça me semblait encore trop abstrait pour y croire vraiment et je me concentrais surtout sur le club, je brûle pas non plus les étapes. Et d’ailleurs quand le coach a reçu la convocation il a d’abord vérifié si une équipe de France U18 était pas en train de se monter!
E-M: Mais non, c’était bien de l’équipe de France A qu’il s’agissait. Quelles ont été tes premières impressions en rejoignant le groupe?
P.M.: Ca fait drôle au début quand t’iarrives et que tu te retrouves au milieu des vedettes... J’ai commencé par prendre des photos, faire signer des maillots pour les gamins de chez moi qui les admirent tous autant que les autres. Ils m’ont gentiment laissé ce p’tit temps, je tiens à les remercier. Et puis après sur un rassemblement aussi court tu rentres vite dans l’action pour préparer la rencontre. Et là comme c’était clair que je ne serais pas sur la feuille de match, le coach m’a conseillé de simplement m’appliquer dans le travail. Il m’a dit: “Si tu veux apprendre vite, tu fais tout comme Rudy”, j’ai dit d’accord :).
E-M: Malgré le peu d’enjeu sur ce match, on a pu assister à une grosse séance de travail.
P.M.: C’était assez intense oui, mais moi ça me va, j’aime me lever le maffre. Le temps que ça dure tu ne penses plus à qui est à côté de toi, où d’où vient celui qui te parle, tu bosses. Je suis près à remettre ça tous les week-ends sans problème. Et en rentrant au club je vais avoir une envie de progresser encore décuplée après ça.
E-M: C’est qu’il y a un Coupe du Monde la saison prochaine...
P.M.: Tè, en parlant de rêves! :). Tu sais, quitte à te faire péter l’embouligue, au bout du bout, moi ce que je veux c’est la soulever un jour, et le plus tôt sera le mieux. Alors pourquoi pas la prochaine?
E-M: Carrément! Et le ballon d’or aussi pendant qu’on y est? :)
P.M.: Pour l’instant y a que trois défenseurs qui l’ont eu je crois, sinon c’est que des milieux et des attaquants, et c’était des défenseurs centraux. Faudra bien qu’un latéral le remporte un jour!
E-M: Il ne savait pas que c’était impossible, alors il l’a fait... pour reprendre un grand auteur américain. Merci pour ces quelques minutes avec nous Patrick. Garde ta fraîcheur et prends soin de tes rêves, ce sont aussi les nôtres.
P.M.: Comptez sur moi! Merci à vous. Ciao.
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Nous laissons le kid rejoindre ses nouveaux coéquipiers dans le bus de l’équipe de France. Merci à Zigouigoui d'avoir autorisé sa pépite à nous répondre pour le présenter à son nouveau public.
N'hésitez pas à commenter et à donner vos suggestions. La semaine prochaine, nous rencontrerons une paire de Rouflaquettes, à savoir Fabrice Duthilleul, buteur contre l’Espagne, et Benoît Lochet, qui réalise un début de saison en fanfare avec son club. Si vous avez des questions à leur poser, vous pouvez nous les mettre en commentaires de cet article. S'il y a des joueurs de l'effectif que vous voulez absolument découvrir en interview, n'hésitez pas non plus à nous le demander.
A bientôt!
EdF-Mag
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