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André Garnaud: La force tranquille


André Garnaud: La force tranquille

André Garnaud: La force tranquille             

C'est en Bourgogne que nous commençons cette série d'interviews EdF-Mag. Et qui de mieux qu'André Garnaud, joueur emblématique d’NT1 et de l'équipe de France, star mondiale reconnue parmi les meilleurs gardiens de la planète football, pour ouvrir les hostilités?

C'est dans le salon zen de la NT1 Arena, spécialement aménagé pour lui par le club, que nous retrouvons André, confortablement installé dans un fauteuil. Il baisse le son de la musique, nous salue chaleureusement nous invite gentiment à nous asseoir en face de lui.

E-M: C'est du Bob Marley?

A.G.: Burning Spear! Rien à voir :).

E-M: T'es plutôt reggae?

A.G.: Oui! Ca me détend... J'aime aussi les trucs comme la soul... Celle des années soixante-dix un peu bluesy, genre Janis Joplin. J'aime pas mal d'artistes de cette époque... Hendrix, Lennon, les Who... Je sais pas si t'as écouté le dernier Neil Young mais...

E-M: Ok. Tu te doutes qu'on est pas là que pour parler musique? :) On attaque?

A.G.: Ouais, scuze. :) Vas-y.

E-M: On va commencer par ta situation et celle de ton club. Comment se passe ce début de saison?

A.G.: Bien mais peut mieux faire, je dirais... C’est sûr que la défaite au dernier match fait un peu mal (2-1 chez les Spin's Flippers lors de la 8e journée de championnat, ndlr). Quand tu domines, que t'as la possession et les occases, c’est toujours frustrant de pas prendre de points. Et pour le gardien, quand t’es pas hyper sollicité dans le jeu mais que tu finis avec deux buts pris, c’est vraiment rageant.
Mais bon on ne va pas non plus tout remettre en cause à partir de ce match. On reste 2e et le groupe est solide. Faudra compter sur nous cette saison :).

E-M: Revenons un peu sur ce dernier match et sur les deux buts pris sur quatre tirs cadrés… Un scénario qui ressemble un peu à la première défaite à domicile contre le leader Bezak, même si ce jour-là l’expulsion rapide de Jibé Le Moullec avait changé le cours du match. Tu n’as pas peur que ça alimente la critique ?

A.G.: Franchement? J’m’en fous si ça fait jaser, je reste tranquille. La critique est aisée, l’art est difficile comme on dit. Je comprends que ça puisse donner l’impression que je n’étais pas concentré, ou concerné, y en a qui vont même dire que je choisis mes matchs…

E-M: C’est ce que t’as dit le coach?

A.G.: Ouais :), mais lui c’est normal. C’est son boulot de me bousculer pour que je bosse encore plus. Pour le reste, je sais pas… c’est sans doute aussi une question d’expérience. Avec le temps je vivrai moins de frustrations de ce genre, enfin j’espère :). Mais c’est pas comme si je venais de débarquer non plus. Les gens savent ce que je vaux. Des matchs comme ça tu peux être le meilleur gardien de la planète, quand l’équipe adverse résiste et a des attaquants aussi efficaces que Stan ou Shilov, ça finit souvent par rentrer. C’est comme ça.

E-M: On se souvient que la saison passée la frustration était là aussi.

A.G.: C’était différent. On avait plus de problèmes défensifs, on dominait moins l’adversaire et on se faisait plus facilement surprendre. J’étais frustré, c’est vrai, mais c’était plus parce que je ne trouvais pas les mots ni les gestes pour remobiliser un peu tout le monde. J’étais capitaine, c’était de ma responsabilité mais je n’y arrivais pas. A tel point que j’ai fini par laissé le brassard. Ça m’aura appris que dans un groupe faut pas se prendre pour ce qu’on est pas, faut savoir trouver sa juste place, la mienne est dans les buts.

E-M: Justement, parlons de ton statut chez NT1, où comme chez les bleus le fait que tu sois numéro un semble indiscutable.

A.G.: Ça c’est pas à moi de le dire. Moi ce que je vois en équipe de France à chaque rassemblement, c’est Fred et Lolo qui bossent dur et qui sont plus jeunes que moi. Pareil avec Dany en club. C’est un mec bien, super pro, il mériterait d’avoir une place de numéro un aussi. Non, y a de la concurrence et elle est même de plus en plus féroce… quand je vois le jeune Canovas qui vient d’être appelé là, celui-là il va en frustrer plus d’un, je peux te le dire… mais c’est bien, tant que l’ambiance est bonne, moi ça me motive et je compte bien les faire patienter encore un peu :).

E-M: En parlant de jeunes, dans l'effectif de NT1 je crois savoir qu'il y en a un qui t'as particulièrement tapé dans l'oeil...

A.G.: Le petit Coin?


E-M: ... Euh... je... non... j'ai pas particulièrement envie là... j'ai fait y a pas longtemps... avant de venir... mais merci...

A.G.: Héhé, elle marche à tous les coups celle-là... Nan, tu voulais que je dise deux mots sur le jeune Pascal Coin?

E-M: Ah! Oui! C'est ça!

A.G.: Ben c'est juste le joueur le plus prometteur que j'ai croisé depuis un bail. Un vrai milieu central avec des qualités énormes, très créatif, une vision du jeu incroyable pour un gamin de son âge. Et déjà très mûr mentalement. S'il est épargné par les blessures il a une carrière énorme devant lui. Retenez son nom!

E-M: C'est noté !:) Passons à l'équipe de France... Les bleus sortent d’une saison assez exceptionnelle…

A.G.: C’est clair!

E-M: Et tu y es pour beaucoup…

A.G.: Merci...

E-M: Avant d'aborder l'avenir, on aimerait que tu nous racontes un peu ce que tu as vécu sur deux matchs en particulier du dernier Euro. D'abord le 8e contre la Finlande?

A.G.: Je crois tout simplement qu'on a fait LE match parfait ce jour là. On se fait un peu bouffer sur la possession mais le bloc équipe a super bien travaillé. Un but d'entrée de jeu, un autre à la fin. 2-0. Propre malgré de sacrés clients en face en attaque. On était comme dans une bulle avec cette sensation que rien ne pouvait nous arriver. Et quand je repense à ce match aujourd'hui j'ai cette sensation étrange, un peu comme si c'était un rêve et que ce n'était pas vraiment arrivé... Mais on l'a fait!

E-M: Et derrière la Serbie...

Le match de fous par excellence... nous on vient de sortir la Finlande, contrat rempli, on est en quarts, on vient en challenger contre une des plus grosses équipes de la compète, si ce n'est la plus grosse. On entre sur le terrain avec l'idée de faire du mieux possible mais aussi de profiter du moment et de se faire plaisir. On y croit sans y croire quoi... Et là, au bout de trois minutes on leur en plante un! Tu peux pas savoir tout ce qui se passe dans nos têtes... On se dit même pas que la qualif est possible, on se dit carrément qu'on est plus forts qu'eux... A la limite c'est comme si on savait déjà à ce moment là qu'on allait passer... Et là le bloc tient bon comme contre la Finlande... on a les mêmes sensations... les minutes passent, ça se tend un peu, y a des cartons qui sortent, mais on se sent de plus en plus forts. Même après le péno qu'ils marquent on ne lâche rien...

E-M: Jusqu'à la séance de tirs au but.

A.G.: Ouais... (sourire)... C'est eux qui tirent en premier... je pars du bon côté, ça rentre quand même... mais là encore j'ai su que c'était bon, j'avais de trop bonnes sensations pour que ça ne passe pas. Le deuxième pareil, et le troisième je le sors. Pendant ce temps les gars assurent leurs tirs. Je fais tout pour en sortir un autre, je pars du bon côté à chaque fois mais ils marquent quand même... Sur notre dernier tir, je suis sur le bord de la surface pour rester concentré au cas où, mais quand je vois Stan qui se pointe, je vois son regard, son attitude, comment il pose la balle... je sais qu'il va la mettre au fond. Et là... la folie... c'est juste indescriptible.

E-M: Et puis les demis...

A.G.: On était rincés physiquement, mentalement, émotionnellement... C'était impossible dans cet état là d'aller plus loin.

E-M: Comment abordes-tu cette nouvelle saison en bleu et les qualifications pour la prochaine Coupe du Monde?

A.G.: Ca va peut-être te paraître bateau, mais c’est toujours une immense fierté pour moi d’être sélectionné et de porter ce maillot. Et ça me fait plaisir de retrouver les potes régulièrement. On a vécu des choses très fortes ensemble, pas que la saison dernière d’ailleurs. On a un gros objectif avec la Coupe du Monde la saison prochaine. On a un groupe de qualif jouable mais faut qu'on reste vigilants, on sera attendu maintenant, on arrive pratiquement en tant que favoris dans ce groupe, on a pas vraiment l'habitude de ce statut, faudra savoir passer outre.

E-M: Quelle équipe peut vous poser le plus de difficultés selon toi?

A.G.: L'Italie c'est toujours solide, sans véritable point faible, une grosse machine difficile à manoeuvrer... Le Canada emmené par Frenette risque de surprendre pas mal de monde aussi... Les danois sont jeunes mais attention à eux, c'est une équipe qui peut réaliser un parcours un peu comme le notre à l'Euro.

E-M: On vous en souhaite un encore plus beau en tout cas, et ce dès samedi face à l'Espagne.

A.G.: On va tout faire pour, je vous promets. Venez nous supporter en nombre! Merci.

E-M: Merci à toi André, pour ton accueil et ta générosité.

____

Ainsi se termine ce premier entretien d'une série que nous espérons longue et intéressante. Merci à Decolo d'avoir libéré son joueur quelques instants pour mieux vous le faire connaître.

N'hésitez pas à commenter et à donner vos suggestions. La semaine prochaine, nous rencontrerons le kid, fraîchement sélectionné, Patrick Mouniet. Si vous avez des questions à lui poser, vous pouvez nous les envoyer. S'il y a des joueurs de l'effectif que vous voulez absolument découvrir en interview, n'hésitez pas non plus à nous le demander.

A bientôt!

EdF-Mag





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