Tout d'abord, je tiens à m'excuser pour l'absence de présentation des 4 derniers clubs de la ligue par faute de temps du fait d'impératifs professionnels.

Dans cet article, on s'intéressera à la finale opposant Rouen à Angers avec une analyse de chaque match.

La finale

Les Ducs d'Angers et les Dragons de Rouen se sont retrouvés pour la dernière série de la saison. Rouen partait légèrement favori du fait de son expérience alors qu'Angers vivait là, la première finale de son existence. De plus, les demi-finales ont été périlleuses pour les Ducs avec une victoire en 5 matches face à Briançon, et une ultime joute dans l'antre alpin de Froger (4 buts à 2). Les Dragons quant à eux, se sont débarrassés des Brûleurs de loup en 3 manches sèches (dont 2 manches finissant au tab).

Au point de vue de l'effectif, les Dragons attaquaient la finale avec une absence de marque, en l'occurrence celle de Julien Desrosiers (grièvement blessé face à Grenoble), international français et parmi les meilleurs joueurs du championnat. Les angevins se présentaient sans leur défenseur Pavol Mihalik, blessé à l'épaule.

Match 1 : Arbitres Messieurs Bourreau et Bachelet

Ce premier match est celui de tous les dangers. Rouen malgré sa supposée fraîcheur risque de manquer de rythme alors qu'Angers peut continuer sur sa série de victoires du tour précédent.
Angers prend l'avantage rapidement par l'intermédiaire de Julien Albert qui profite d'un décalage parfait de Baluch pour ajuster Trevor Koenig [0-1 Angers: 18: Julien ALBERT (56: Tomas BALUCH)].
Rouen égalise quelques minutes plus tard après un débordement de Ilpo Salmivirta puis un centre au cordeau pour Luc Tardif arrivé comme une fusée sur l'aile opposée qui ne laisse aucune chance à Peter Aubry [1-1 Rouen: 84: Luc TARDIF (25: Ilpo SALMIVIRTA; 13: Jonathan ZWIKEL)].
Angers reprend l'avantage en début de deuxième tiers par l'intermédiaire de Lauri Lahesalu d'un slap puissant à la bleue après une remise en jeu, qui passe entre les jambières de Koenig masqué [1-2 Angers: 6: Lauri LAHESALU (45: Jonathan BELLEMARE)].

Lors de la suite de la rencontre, Rouen tente par tous les moyens d'égaliser mais les Dragons buttent sur un Aubry omniprésent bien aidé par sa défense sur les nombreux rebonds qu'il aura néanmoins laissé. De plus, les grandes équipes ont souvent le coup de pouce du destin qui fait que le palet tape le poteau, la barre ou un patin au lieu de franchir la ligne. Malgré la sortie de Koenig, les angevins conservent leur avantage et remportent le premier match de la série pour la plus grande joie du président Juret. Grosse désillusion pour les Rouennais qui n'ont clairement pas réalisé un bon match.

Match 2 : Arbitres Messieurs Bergamelli et Colleoni

Match crucial pour les deux équipes. Rouen doit absolument l'emporter pour conserver ses chances tandis que les Ducs, en réalisant un nouvel exploit, se rapprocheraient à une marche de leur premier titre.
Le match débute sous un flot de pénalités du fait de mauvais coups de chaque côté. L'arbitrage de la veille ayant été trop laxiste, celui de ce soir est plus conforme au niveau d'un arbitrage à 4 nécessaire à la bonne tenue des débats.
Angers pratique un jeu agréable et rapide et ouvre le score très rapidement par l'intermédiaire de Poudrier qui fusille le pauvre Koenig, abandonné par sa défensive [04:55: 0-1 Angers: 26: Thiery POUDRIER (56: Tomas BALUCH)].
La stupeur est de mise dans les rangs rouennais. Malgré quelques coups de boutoirs, le premier tiers s'achève sur ce score de 1-0 et une pluie de pénalités à l'encontre des deux équipes sans que les jeux de puissances aient fait mouche. Il faut noter qu'Aubry est sur la même lancée que la veille notamment au niveau de la "baraka".

Le 2^ème tiers reprend sur une supériorité rouennaise et Babka envoie un slap… sur la barre transversale… les dragons semblent maudits. Les vagues rouennaises se poursuivent mais les Ducs sont très dangereux en contre. Sur un palet perdu en zone neutre, Bellemare s'en va mystifier la défense rouennaise puis fait une passe caviar à Pierre Luc Laprise qui a le but grand ouvert au second poteau mais.. Koenig sort un arrêt majuscule de la jambière alors qu'il était complétement battu. Les rouennais continuent de pousser mais sur un palet perdu en zone neutre, Jonathan Bellemare s'en va seul défier le cerbère rouennais et ne lui laisse aucune chance en propulsant le palet dans la lucarne du pauvre gardien canadien [0-2 Angers: 45: Jonathan BELLEMARE (9: Eric FORTIER)].
La déception et l'abattement se lisent sur les visages des supporters rouennais qui ne reconnaissent pas leur équipe. La fronde atteint son paroxysme lorsque les Dragons sont incapables d'adresser un tir alors qu'ils évoluent à 5 contre 3 pendant près de deux minutes...
Fin du deuxième tiers sous les sifflets des partisans qui ne retrouvent pas une équipe combative.

Comme souvent, la révolte viendra des plus jeunes, après un combat de tous les instants, Lionel Tarantino au second poteau parvient à marquer entre les jambières d'Aubry qui commence progressivement à descendre de son olympe [1-2 Rouen: 23: Lionel TARANTINO (17: Jérémie ROMAND; 9: Loïc LAMPERIER)].
Rouen, dans une ambiance de folie se rue alors à l'abordage mais 50 secondes plus tard, sur un palet bêtement perdu en phase défensive par Kaï Ohberg (une fois n'est pas coutume), l'inévitable Baluch bien servi par Marko Kripusoff ajuste Koenig [1-3 Angers: 56: Tomas BALUCH (2: Marko KIPRUSOFF; 9: Eric FORTIER)].
Cependant, les rouennais ont passé la vitesse supérieure et continuent de pilonner le but d'un Aubry héroïque. Sur une supériorité, Carl Mallette effectue un énorme travail derrière la cage et trouve un Magnus Eriksson tout seul dans le slot qui marque comme à la parade [2-3 Rouen: 62: Magnus ERIKSSON (19: Carl MALLETTE) [5-4]].
Les rouennais poursuivent leur bombardement en règle de la cage angevine mais sans succès, le palet refusant catégoriquement de franchir la ligne malgré des opportunités "immanquables".
La fin du match sera marquée par la cage capricieuse d'Aubry qui n'arrêtera pas de bouger lorsque les rouennais avaient l'opportunité de marquer. Les arbitres, au bout de plusieurs minutes, décidèrent de donner une pénalité pour retard de jeu à Aubry (qui ne donnera rien) mais il faut rendre à César ce qui est à César, on notera donc l'expérience et la roublardise du cerbère angevin pour soulager son équipe sans être pris par la patrouille.
Rouen sortira une nouvelle fois son gardien mais, cette fois ci, contrairement à la veille, les angevins en profitent et marquent un 4ème but en cage vide par l'intermédiaire de Pierre Luc Laprise [2-4 Angers: 48: Pierre Luc LAPRISE (45: Jonathan BELLEMARE; 9: Eric FORTIER) [Cage vide]].

Au bout des deux premiers matches, Angers mène donc 2 à 0. Avantage mérité tant les Ducs ont montré un visage offensif séduisant tout en ayant une défense irréprochable. Pour les Dragons, la déception est palpable, seul le dernier tiers du 2^ème match a été conforme à leurs qualités tant au niveau de la volonté que du niveau de jeu.
Angers n'est plus alors qu'à une victoire de la coupe Magnus. Cependant, les rouennais n'ont plus rien à perdre et les angevins passent du statut d'outsiders à celui de favori ce qui peut changer beaucoup de choses. Si jamais les rouennais arrivent à mettre beaucoup plus d'intensité et plus de présence au rebond, la série ne sera pas terminée lors du 3^ème match qui se déroulera à Angers, dans la petite patinoire du Haras ! Les statistiques ne parlent pas en faveur des rouennais puisque jamais dans l'histoire du championnat, une équipe est parvenue à remonter un handicap de 2 défaites initiales !

Match 3 : Arbitres Messieurs Bourreau et Bergamelli

Il faut savoir que la patinoire du Haras est une patinoire dont la glace est au format NHL donc plus petite que le glaçon rouennais. La capacité est limitée à 1100 personnes officiellement mais la patinoire est plus que pleine à craquer, ce qui fait que le match se déroule dans une ambiance de folie.
Les Dragons démarrent le match à 100 à l'heure. Sur la première supériorité numérique, Carl Mallette profite d'un rebond laissé par Aubry sur un tir de Thinel pour envoyer le puck au fond des filets [0-1 Rouen: 19: Carl MALLETTE (24: Marc André THINEL) [5-4]].
34 secondes plus tard, Ilpo Salmivirta (photo) contourne Aubry et donne 2 buts d'avance aux rouennais [0-2 Rouen: 25: Ilpo SALMIVIRTA (13: Jonathan ZWIKEL; 84: Luc TARDIF)]. Les angevins sont asphyxiés par le rythme mais rentre progressivement dans la partie mais buttent sur un Trevor Koenig des grands soirs.


A la fin du 1^er tiers, Rouen mène donc 2-0 et on sent que ce match est peut être un tournant dans la série. En début de 2^ème tiers, Luc Tardif, bien décalé par Salmivirta, envoie une frappe chirurgicale en pleine lunette laissant Aubry de marbre. Les Ducs sont dépités par tant de réalisme et essayent de revenir mais tombent une nouvelle fois sur une défensive rouennaise absolument intraitable. Le deuxième tiers se termine donc sur cette marque de 3-0 en faveur des Dragons.

Les Ducs entament le troisième tiers le couteau entre les dents et sur une supériorité numérique. Bellemare sur une inspiration de génie, tire depuis l'arrière du but, le puck tape l'intérieur de la jambière de Koenig et rentre dans le but sous les yeux du cerbère médusé par cette action de classe [1-3 Angers: 45: Jonathan BELLEMARE (6: Lauri LAHESALU; 48: Pierre Luc LAPRISE) [5-4]].
La furia angevine est totale et sur une supériorité rouennaise, Lahesalu lance Poudrier en échappée sur l'aile qui profite d'un changement de ligne raté des Dragons pour glisser le palet à Baluch qui allume le pauvre Koenig [2-3 Angers: 56: Tomas BALUCH (26: Thiery POUDRIER; 6: Lauri LAHESALU) [4-5]]. Explosion de joie des angevins qui ne sera pas sans conséquence puisque Baluch se montrera trop virulent envers un plexis qui cédera sous son excès de joie. C'est le tournant du match puisque le match sera interrompu 10 minutes et cet événement coupera la remontée angevine.

A 5 minutes de la fin, sur une supériorité rouennaise, Zwikel trouve un Salmivirta lancé qui trompera Aubry sur un tir croisé au ras du poteau opposé [2-4 Rouen: 25: Ilpo SALMIVIRTA (13: Jonathan ZWIKEL; 84: Luc TARDIF) [5-4]].
Les dragons restent en vie dans la série avec cette victoire au forceps. Angers a poussé mais commence à montrer des signes de fatigue puisque Kripusoff et Julien Albert n'ont pas terminé le match et seront out pour le reste de la série.

Le match 4 s'annonce donc crucial puisque si les rouennais réussissent à gagner et remontent leur handicap initial, on ne voit pas comment les Ducs pourraient s'imposer à Rouen lors d'un éventuel 5^ème match fatidique. Les rouennais ont haussé leur niveau de jeu et s'ils continuent sur cette lancée, on voit mal Angers remporter le 4^ème match.

Match 4 : Arbitres Messieurs Barbez et Bachelet

Le match débute fort pour les angevins mais Trevor Koenig répond présent. A la 10^ème minute, sur un tir de Holmqvist, Peter Aubry lâche un mauvais rebond, offrande que le légendaire Eric Doucet ne rate pas. Les Ducs se retrouvent de nouveau menés comme la veille et doivent courir après le score [0-1 Rouen: 71: Eric DOUCET (22: David HOLMQVIST) [5-4]].

La suite du match se résume à un Show Koenig. Le gardien rouennais écœurant littéralement les attaques angevines par des arrêts d'extraterrestre à bout portant, digne de la NHL. Vous l'aurez compris, avec un tel cerbère les rouennais ne peuvent pas perdre ce match et donneront une leçon de réalisme aux angevins avec des canadiens au sommet de leur art [0-2 Rouen: 19: Carl MALLETTE (24: Marc André THINEL; 71: Eric DOUCET), 0-3 Rouen: 19: Carl MALLETTE (24: Marc André THINEL; 17: Jérémie ROMAND)].
Les Ducs se retrouvent menés 3-0 à l'issue du 2^ème tiers et leur retour semble improbable puisque Rouen évolue un niveau au dessus.
Le 3^ème tiers sera à sens unique et le score final sera de 6 à 1, Aubry réalisant un match pour le moins moyen, ses mauvais rebonds étant concrétisés du fait de la baisse de régime physique de la défensive angevine qui ne tourne qu'à 4 défenseurs.

Personne ne voyait les rouennais (sauf eux-mêmes) remonter un handicap de deux manches lors de cette finale. Les angevins ont sans doute laissé passer leur chance mais vendront chèrement leur peau lors de l'ultime match, événement unique dans l'histoire du championnat.

Match 5 : Arbitres Messieurs Barbez et Bachelet

Ce 5^ème match se déroule dans une patinoire de l'île Lacroix pleine comme un œuf, est encore c'est un euphémisme. Le premier tiers se déroule sur un faux rythme chaque équipe ayant peur de se découvrir et d'accorder un premier but qui peut s'avérer fatal pour la victoire finale. Le deuxième tiers reprend sur un rythme plus soutenu, Aubry répondant à Koenig sur chaque arrêt. Cependant, les rouennais prennent l'ascendant et après de multiples occasions et un raté de Jo Zwikel en cage ouverte, Carl Mallette envoie un terrible coup de canon de l'aile qui vient se loger dans la lucarne d'un Aubry abasourdi. Un but magnifique de la part du capitaine rouennais [1-0 Rouen: 19: Carl MALLETTE (24: Marc André THINEL)].
La joie rouennaise est de courte durée puisque ce diable de Baluch égalise d'un slap instantané qui surprend un Koenig masqué [1-1 Angers: 56: Tomas BALUCH (29: Tuomas Hermani VIDMAN; 27: Simon LACROIX)].

Le 2^ème tiers se conclut sur ce score de parité, le syndrome des deux premiers matches de la série ressurgissant dans la tête des supporters. Cependant, le tournant du match se déroule à la 44^ème minute, Angers bénéficie d'1 minute de double supériorité mais n'arrive pas à trouver le fond des filets rouennais. Les angevins ont laissé passer leur chance et sur une supériorité rouennaise, Salmivirta trouve Tardif dans l'axe qui fusille le pauvre Aubry [ 2-1 Rouen: 84: Luc TARDIF (25: Ilpo SALMIVIRTA; 13: Jonathan ZWIKEL) [5-4]].
Deux minutes plus tard, le même trio se met en évidence et sur un cafouillage devant le but des Ducs, Zwikel prend un tir inattendu qui surprend Aubry [3-1 Rouen: 13: Jonathan ZWIKEL (25: Ilpo SALMIVIRTA; 84: Luc TARDIF)].
Angers demande un temps mort et pousse fortement et l'inévitable se produit lorsque Pierre Luc Laprise transperce Koenig sur un tir ras de glace [3-2 Angers: 48: Pierre Luc LAPRISE (26: Thiery POUDRIER; 9: Eric FORTIER)].

Il reste 5 minutes à jouer, Angers met toutes ses forces dans la bataille. Fortier a le palet d'égalisation lorsqu'il se retrouve face à Koenig. Koenig se couche pour couvrir le bas du second poteau, Fortier lève le palet vers la lucarne du premier et… Trevor fait jaillir une mitaine venu de nulle part et sort le puck, incroyable !
Angers sort son gardien et Doucet en plongeant envoie Marc André Thinel sonner le glas des espoirs angevins avec un 4^ème but en cage vide [4-2 Rouen: 24: Marc André THINEL (71: Eric DOUCET) [Cage vide]].
Explosion de joie côté rouennais, 10^ème titre en 20 ans récompensant une saison exemplaire.

5^ème titre pour Dan Carlsson, fin de carrière en apothéose pour l'emblématique Eric Doucet.



Angers a réalisé une superbe saison et une superbe finale. Les angevins possèdent une équipe ultra talentueuse qui aura manqué malheureusement de profondeur de banc et d'expérience aux moments clefs mais ce n'est que partie remise. Rouen aura su trouver les ressources pour remonter un tel handicap en se reposant sur son collectif homogène (chaque ligne pouvant marquer) et sur des individualités exceptionnelles (Mallette, Salmivirta, Thinel).

Il faut souligner la solidité défensive rouennaise mais surtout le talent d'un homme Trevor Koenig qui a été le meilleur joueur de la saison malgré son arrivée tardive après la blessure de Fab Lhenry.

Bravo aux deux équipes, une finale très très agréable et intense.

Un dernier mot pour féliciter les Drakkars de Caen pour leur montée en ligue Magnus après deux excellents matchs contre Brest (pensée pour David Dostal , entraîneur joueur de Caen qui n'a pas été reconduit).

Place aux transferts !!!!!