PowerPlay Magazine

Aujourd’hui, nous allons nous intéresser aux outsiders de la ligue. Au moment où j’écris ces lignes vient de se dérouler le premier match des quarts de finale dont voici les résultats :

Rouen (1er SR) 8-4 Chamonix (9ème SR)

Briançon (2ème SR) 5-1 Strasbourg (7ème SR)

Angers (3ème SR) 6-2 Morzine Avoriaz (6ème SR)

Amiens (4ème SR) 2-4 Grenoble (5ème SR)

La présence de Chamonix est une petite surprise même si les joueurs de Stéphane Gros ont du potentiel. Les Chamois ont éliminé les Ducs de Dijon au bout du 3ème match de la série. Même si Dijon est en progrès par rapport à la saison dernière (12ème), cette élimination contre une équipe à sa portée est une grosse déception.

Concernant, ce premier match des quarts, la logique a été respectée dans l’ensemble, la victoire des Brûleurs de Loup grenoblois au Coliseum respectant une certaine logique entrevue dans le championnat (il faut se rappeler des 6 points de pénalité infligés à Grenoble).

Dans le même temps, se déroule le match de barrage pour la descente opposant Neuilly sur Marne à Mont Blanc. Après les deux premiers matchs dans la cité nocéenne, les Bisons mènent deux victoires à zéro et peuvent compter sur leur nouveau gardien (Joker Médical) Stanislav Petrik au sommet de son art. L’Entente de Saint Gervais n’a plus le droit à l’erreur désormais mais les deux prochains matchs se déroulant à domicile, l’espoir d’un retour est donc envisageable.

Malgré cette première défaite, les deux outsiders peuvent toujours inverser la vapeur dans la série. On les considère comme outsider du fait du niveau de leur effectif et de certaines individualités mais aussi du fait de leur histoire respective. Ce sont deux clubs qui comptent dans le hockey français, même s’ils ne dominent plus le championnat depuis quelques saisons.

Morzine Avoriaz :

L’Effectif : La saison 2008/2009 des Pingouins s’est déroulée dans une direction sportive très courageuse. après la finale de 2007, l’effectif a été construit dans l’optique d’avoir un effectif 100% Français avec entre autre de nombreux internationaux, d’où le surnom mérité de Team France. Malgré un échec en terme de résultats sportifs, il faut néanmoins rendre hommage à cette volonté courageuse.

Cependant, à l’intersaison, un virage à 180° a été réalisé pour des raisons sportives et économiques. La Team France a été complètement éradiquée avec 16 départs pour 5 reconductions de contrat. De manière synthétisée, sont partis Jonathan Zwikel et Luc Tardif Jr vers les Dragons de Rouen, Laurent Gras vers Chamonix ou encore les Frères Rozenthal (Maurice et François) parti en D2 (Toulouse et Dunkerque) pour préparer leurs reconversions.

De plus, l’architecte des belles années des Pingouins, le coach Stéphane Gros, est parti rejoindre Chamonix. Du côté des prolongations, on retiendra celles de Mathieu Jestin, de Mickaël Brodin ou encore de l’expérimenté Christian Elian.

Pour reconstruire cette équipe, la tâche a été attribuée à Santeri Immonen qui occupe la double casquette d’entraîneur-joueur. Le finlandais est un véritable meneur d’homme tout en étant un excellent défenseur offensif. Mis à part Guillaume Richard (gardien) , Romain Bonnefond et Fabien Seebach, toutes les recrues sont étrangères avec un objectif de construire un effectif avec de jeunes étrangers très talentueux ayant la volonté de s’aguerrir et éventuellement, d’être repérés par un club d’un autre standing. Ainsi, l’attaquant canadien Nicolas Desforges d’Aoust, les suédois Hjalmarsson et Algekrans ou encore le très prometteur finnois Mika Halava ont rejoint le club.

Avec tant de mouvement dans l’effectif, les observateurs s’attendaient à un début de saison assez difficile. Le problème n’était pas la qualité de l’effectif, qui sur le papier paraît indéniablement talentueux mais la cohésion et l’entente des alignements puisque les joueurs ne possédaient aucun vécu ensemble (le temps d’adaptation d’Immonen dans ses nouvelles fonctions pouvait aussi être un handicap).

Objectif : un top 6 et un niveau de jeu très satisfaisant afin de retrouver son rang

Les Résultats : Morzine a débuté le championnat tambour battant avec une série de 5 victoires consécutives dont une victoire inaugurale contre les Dragons de Rouen 4 buts à 3.

Malheureusement, les Pingouins n’ont pas confirmé sur le reste de la saison. Longtemps à la lutte pour la 4ème place du classement, les hommes d’Immonen ont difficilement terminé le championnat avec des grosses défaites à Gap, à Grenoble ou encore à Rouen. Sur les derniers matches de la saison, les alpins ont eu tendance à complètement rater leur début de match avant de tenter des retournements de situation impensable. L’illustration la plus criante peut être constatée lors de la rencontre opposant Morzine à Dijon.

Au bout de 30 minutes, les Ducs mènent 8 à 2 à la 37ème minute. S’en suit une remontée fantastique avec au bout une "courte défaite" 10 à 8. Au delà du score, ce match reflète l’impression générale laissée par Morzine qui a des difficultés à maintenir constant son niveau de jeu pendant un match entier. Capable de rivaliser avec les meilleurs pendant un tiers puis d’imploser en 5 minutes par la suite. Ceci dit, une circonstance atténuante est sans doute la jeunesse de l’effectif. Enfin, au cours de ce fameux match, l’aspect talentueux de l’effectif est criant avec les statistiques de Nicolas Desforges d’Aoust 4 buts et 2 assistances (dont les 4 derniers buts de son équipe). Au niveau statistique, on s’aperçoit que l’équipe est vraiment homogène avec huit joueurs à plus de 21 points (meilleurs pointeurs Antti Koponen et Erik Hjalmarsson avec respectivement 16 buts et 14 assists, 13 buts et 17 assists)

Au niveau des gardiens, Guillaume Richard a gagné en régularité et en efficacité cette saison (un peu à l’image de Ronan Quemener de Gap). Les Pingouins ont un jeu très agréable à suivre, avec de très bons manieurs de palets qui sont dans le même temps vifs et rapides. Ce jeu porté vers l’avant explique en partie un nombre de buts encaissés assez important (107). D’ailleurs, Morzine possède l’une des plus mauvaises infériorité de la ligue avec 75,3% de pénalités tuées.

En résumé, malgré une perte de vitesse à partir du milieu de championnat, Morzine a réalisé une bonne saison.

Les Perspectives : Morzine a éliminé Gap en barrage en deux manches. En quarts, ils seront confrontés aux excellents angevins, troisième de la saison régulière. Morzine paraît trop tendre pour remporter la série mais ils pourraient donner du fil à retordre aux ducs. Les deux premiers matchs sont pas évidents dans la petite patinoire du haras mais à domicile tout est possible, comme l’a démontré la victoire contre Rouen (même si le Rouen du début de saison n’est pas le Rouen leader actuel).

Ces quarts de finale peuvent permettre aux joueurs de prendre de l’expérience, un vécu puisque ce sont leurs premiers play-off ensemble.

Si la direction sportive de Morzine parvient à conserver une grosse partie de cet effectif avec quelques renforts à des postes clefs, cette équipe pourrait surprendre l’année prochaine. Le seul souci étant que certains joueurs ont attiré l’attention sur eux et pourraient succomber aux sirènes de clubs plus huppés.

A titre personnel, j’ai été impressionné par Mika Halava qui fera, je pense, une grosse carrière.

Amiens :

L’Effectif : Après une saison 2008-2009 en demi teinte, les Gothiques ont quelque peu chamboulé leur effectif afin d’effacer certains de leurs manques. Antoine Richer a donc construit son effectif dans cette optique. Exit les canadiens Martin Paquet, Pierre Luc Edmond et Matt Amado (excellent mais trop pénalisé) et arrivée de trois gros joueurs avec la doublette Strasbourgeoise magique David Brisette Cayer et Yanick Riendeau ainsi que l’excellent canadien Sylvain Rodier, talentueux crosse à la main et combatif sur la glace.

Au niveau des gardiens, le backup Adrien Fénart est parti à Rouen. Il a été remplacé par un jeune du mineur Sébastian Ylonen, fils d’un illustre gardien finnois du même nom.

Le titulaire, le fameux Henry Corentin Buysse a décidé de trouver un autre club, de préférence dans un championnat nord-américain. Résultat, sans contrat, il a dû se résoudre à rejoindre l’entente de Saint Gervais (Mont Blanc).

Enfin, Thomas Roussel a décidé de tenter l’aventure nord-américaine, avant de revenir quelques mois après au bercail.

Dans les cages, Ville Koivula, l’ex-portier d’Angers a rejoint la Picardie tout comme Teddy Trabichet, défenseur de Grenoble.

Avec un tel effectif, on s’attendait à une bonne saison de la part des Gothiques même si la préparation d’avant-saison n’a pas été bonne du tout. C’est avec une pointe d’inquiétude chez les partisans que débute la saison. L’objectif étant une place dans le carré final avec à la clef, vu le profil de l’équipe, un jeu très offensif.

Les résultats : Amiens a réalisé une bonne saison avec des grosses performances au Coliseum comme face à Grenoble (4-3), Briançon et Rouen (4-3) , des cartons (Mont Blanc, Neuilly, Dijon) mais aussi des performances de piètre qualité comme face à Gap (1-4 à domicile), Strasbourg (1-3), Rouen (3-8) et surtout Villard (0-7).

A domicile, il est très difficile de s’imposer dans le chaudron picard souvent surchauffé. A l’extérieur, les Gothiques sont fragiles et timorés. Une sorte de Janus du hockey, l’équipe aux deux visages. A l’issue de la saison régulière, Amiens était 4ème avec la 3ème meilleur attaque (130 buts) et la 6ème meilleure défense (91 buts encaissés).

Au point de vue individuel, Amiens peut s’appuyer sur deux piliers expérimentés, toujours à mouiller le maillot et parmi les meilleurs pointeurs à savoir "Miro" Pazak (17 buts, 29 assists) et Anthony Mortas (14 buts et 19 assists). La saison de Sylvain Rodier s’est malheureusement terminée lors du match contre Grenoble où il a subi un attentat de la part de Martin Jansson (grièvement blessé à la mâchoire). Gregory Beron (lui aussi blessé lors de ce match) a été la révélation avec Brian Henderson de cette saison. Un patinage vif, un travail défensif remarquable, il a véritablement passé un cap cette année. Quant à Henderson, malgré son jeune âge, il a impressionné par son sang-froid lors des séances de fusillade.

Il faut noter une déception quand même en ce qui concerne le duo Cayer/Riendeau. Après un début de saison en fanfare, le duo a quasiment disparu de la circulation causant un certain remous au sein de l’environnement des Gothiques. Même si les statistiques sont bonnes (32 et 37 points), leur rôle dans le jeu offensif amiénois n’a cessé de décroître au cours de la saison régulière notamment pour Riendeau dont les performances sont parfois énigmatiques. Cependant, cela reste un bon joueur qui peut se montrer décisif s’il est dans un bon jour.

Enfin, même si la défense Amiénoise peut s’avérer fort poreuse par moment, Ville Koivula ne rassemble pas tous les gages de sécurité. Même si parfois, il est excellent, il n’est pas du niveau d’un top 4 de Ligue Magnus. C’est un bon gardien mais il laisse beaucoup trop de rebonds, se troue parfois complètement sans trop comprendre pourquoi et n’a pas un jeu de crosse très rassurant.

Le fait que le gardien et la défense (malgré un excellent Trabichet et un indispensable Kowalczyk) ne soit pas au top de la ligue magnus au contraire de l’attaque qui est l’une des meilleures de la ligue, empêchera sans doute Amiens de pouvoir envisager la victoire finale.

Enfin, il faut noter quelques soucis entre l’entraîneur et Loïc Sadoun qui ont un peu perturbé l’alignement.

Les Perspectives : Malgré une bonne saison, Amiens ne dégage pas une sérénité à toute épreuve. Cette équipe possède beaucoup de qualités mais il semble manquer ce petit quelque chose qui la ferait passer du statut d’outsider au statut de favori (statut qui serait légitime vu l’histoire et l’engouement autour de ce club, l’ambiance d’un derby en Picardie donne toujours la chair de poule). La direction a fait de très bons choix mais on est à la croisée des chemins. Si l’équipe parvient à gommer son irrégularité, elle pourra envisager les demi-finales. A l’heure actuelle, la série est à 1-1 avec Grenoble mais les deux prochains matchs se jouent à Pôle Sud (Grenoble). L’équipe monte son niveau de jeu petit à petit et la série sera serrée de toute façon.

Si la défense et Koivula sont solides, je pense qu’Amiens a la possibilité de s’imposer à Pôle Sud. Les Gothiques proposent un jeu vraiment agréable au Coliseum et après la saison délicate de l’année passée, la saison est déjà objectivement réussie.

La préparation de la saison prochaine a déjà commencé, les cadres de l’équipe souhaitant rempiler avec plaisir… un bel avenir en perspective si tous les jeunes sont conservés !